Awzellagen au Canada

A l'instar de tous les kabyles, voici bien des années que les Awzellagen ont pris le bâton de pèlerin pour s'établir un peu partout dans le monde, peu importe la raison pour laquelle cela s'est produit, ils se sont établis et y ont amené qui de son voisin, qui de son cousin afin de reproduire le village, seul réconfort et soutien moral pour ne pas se sentir dépaysé. Il faut dire que l'humour Awzelleg est bien particulier et cela relève de la souffrance que de ne pas avoir quelqu'un avec qui le partager et apprécier les blagues et les anecdotes qui arrivent toutes fraiches de Tamurt.

Après les différentes villes d'Algérie, les pays limitrophes (Maroc et Tunisie), la France et le reste des pays de l'Europe, la vague avait amené nos premiers pèlerins éclaireurs aux rives du Fleuve Saint-Laurent et au restant du Canada. Et depuis, les échos qui parviennent au bercail, aux oreilles de ceux qui sont restés au pays natal, restèrent jusque-là une affaire de bouche-à-oreille et quasiment de l'information privilégiée qui relevait du secret des familles et à laquelle n'ouvrait pas le droit les futurs candidats à l'immigration. Ceux qui ont suivi leurs prédécesseurs ont été amenés sûrement à vivre les mêmes mésaventures, les mêmes questionnements et moments d'angoisse et d'appréhensions, faute de partage d'information et faute de source sûre et fiable et cela continue encore malgré l'existence de l'internet grâce auquel on peut s'abreuver de toute information que l'on a besoin. Mais, akka!, il faut bien du bouche-à-oreille pour apaiser l'esprit de ceux qui sont issus d'une société à forte tradition orale.

Ihi, passée l'angoisse des premiers jours de l'arrivée ici au Canada et une fois établis dans leur nouvel environnement, les immigrants Awzellagen se fendent dans le train-train de la vie quotidienne et des soucis de tous les jours sans se soucier de ce que leur ancien voisin, leur ami d'antan ou leur cousin éloigné est entrain de vivre, en bien ou en mal. Faut-il rappeler que le rythme techno de la vie au Canada impose aux uns et aux autres de restreindre leur cercle d'amis et de proches au strict minimum car tôt ou tard on se rend à l'évidence que l'on dispose presque plus de temps à consacrer à ses proches.

Par contre, le besoin de partager les informations relatives au bercail reste partagé par tout un chacun, tant la nostalgie est le dénominateur commun de tous les immigrants. Il est tout à fait clair qu'il est plus que nécessaire de sauver la mémoire collective qui nous habite tous et qui ne peut qu'améliorer le vécu de tous les ighriben, ce que nous sommes et restons en fin de compte.

De ce fait, la nécessité de réparer le métier à tisser qui a fait des awzellagen une communauté kabyle est d'une importance capitale et remettre azetta en marche pour que tout un chacun soit solidaire avec l'autre est plus que vitale, surtout que azetta rappelle les éléments qui sont chers à la culture et à la société kabyles, toute une symbolioque de rattachement aux valeurs ancestrales de tous les kabyles.

Azetta est tout simplement l'image du réseau n w Awzellagen qui sont partout au Canada et qui peuvent s'unir dans les moments difficiles, qui peuvent s'unir pour se retremper dans l'ambiance des reprères retrouvés et des valeurs chères à nous tous, et comme dirait tout kabyle : ad ttemlil tasa d way' turew.

S lehna nwen ihi.

Yiwen ssegwen.

Photo: Hakim Iberraken.